Portrait de Marlène Schiappa

18 février 2017

Présidente et fondatrice de l’association Maman Travaille (ou comment concilier sa vie pro et perso), auteure, adjointe au Maire du Mans déléguée à l'égalité et à la lutte contre les discriminations, mère de deux enfants … bref Marlène Schiappa mène de front toutes ses activités… et toujours avec passion.

                                                

 

Capital Koala : « Bonjour Marlène et merci de nous accorder quelques minutes de votre temps pour les lecteurs du Mag’ de Capital Koala. Justement, quel est votre secret pour gagner du temps au quotidien ? Des astuces testées et validées ? »

 

Marlène Schiappa : «Bonjour ! En fait je suis tellement fascinée par les mères qui travaillent, et par les autres femmes en général d’ailleurs, que j’avais compilé il y a quelques années toutes leurs astuces de conciliation vie pro / vie familiale dans un livre :  " Les 200 astuces de Maman travaille " (éditions Leducs). Mon truc personnel n’est pas vraiment une astuce, c’est simplement que j’ai la phobie du temps perdu… Je ne supporte pas de ne rien faire. Avec les bons et les mauvais côtés de cette phobie ! Mais par exemple, je compte le temps en chansons dans ma tête ce qui me permet de toujours savoir où j’en suis, j’ai deux chansons pour préparer le diner, quatre chansons pour aller à l’école, dans trois chansons je termine ce dossier… Au-delà de ça, je ne fais que des choses qui me passionnent totalement : la littérature, la politique, le web, le cinéma, les formations ou conférences sur l’égalité… je ne vis rien de tout ça comme une contrainte, plutôt comme quelque chose dont il faut profiter parce que je l’aime, et qui me donne le sentiment d’être utile à mes semblables !

 

CK : « Vous êtes indéniablement très connectée au quotidien. Vous arrivez à décrocher de temps en temps, pendant vos vacances par exemple ? »

 

MS : « Non, jamais. Je suis connectée 7 jours sur 7 et je n’éteins jamais mon téléphone. Pendant les vacances, j’emmène mon ordinateur pour travailler, avancer sur des romans… Cet été ma fille aînée m’a même offert un étui étanche pour consulter mes mails depuis la plage d’Ajaccio. Mais il y a des plages sur lesquelles je déconnecte : quand je suis en Corse dans le maquis ou sur des plages un peu isolées, là où on ne capte pas, l’été. Et si je suis à un match de foot ou à un concert. »

 

CK : « Vous vivez au Mans depuis quelques années mais allez régulièrement à Paris, vous semblez avoir trouvé votre équilibre. Que conseilleriez-vous aux personnes tentées de quitter la capitale mais qui ne savent simplement pas comment s’y prendre ? »

 

MS : « Je ne sais pas si j’ai trouvé mon équilibre, mais je leur conseillerais de sauter le pas s’ils le sentent comme ça ! Il y a trois ans ½, j’ai décidé de m’endetter pour 22 ans en achetant une maison que j’avais vue une fois dix minutes dans une ville où je n’avais jamais mis les pieds avant. Les grands-parents de mes filles sont des Marseillais qui se sont installés en Sarthe, donc c’était bien pour elles qu’elles puissent s’en rapprocher car elles s’entendent très bien avec eux. Mais je ne connaissais personne. Aujourd’hui, dès que je mets un pied dehors je tombe sur des amis. Et j’y ai pris des responsabilités en acceptant de rejoindre la liste du Maire pour les municipales, dont je suis depuis trois ans adjointe au Maire déléguée à l’égalité, et conseillère communautaire sur l’innovation technologique et l’attractivité économique.

Le Mans a l’avantage d’être une ville vraiment chaleureuse et accueillante, où tout est moins cher. Pour 270 000 euros ici vous avez une maison des années 30 en centre ville, pour 40 000 euros, un petit appartement. Vous pouvez offrir une tournée au bar à vos amis sans avoir à vendre un rein pour la financer. Quand on aime comme moi les restaurants et les bars, c’est un vrai atout.

Et il y a une activité économique réelle puisque l’on vient d’obtenir le label French tech et on ouvre bientôt la Cité de l’Innovation qui va permettre d’accueillir mieux les start-uppers et porteurs de projets innovants, notamment sur le thème des nouvelles mobilités qui est notre domaine d’expertise avec les 24h du Mans, mais aussi le secteur des assurances, de l’acoustique… »

 

CK : « Chez Capital Koala, nous soutenons les parents qui souhaitent mettre petit à petit un peu d’argent de côté pour l’avenir de leurs enfants. Nous leur reversons un pourcentage de leurs dépenses effectuées chez nos e-commerçants partenaires. Et chez vous, vous parlez de l'avenir de vos filles, elles savent déjà ce qu'elles souhaitent faire plus tard comme études, métier(s) ? »

 

MS : « Oui, elles sont très déterminées. Pour elles, l’école est quelque chose de sérieux et de très important. Souvent ce sont elles qui me demandent de vérifier les devoirs… Ma mère est proviseure, mon père historien et était prof d’histoire, ma sœur est directrice d’école, ma grand mère était institutrice au Maroc, parmi les sœurs de ma mère il y a des professeurs de lettres, la tante de mes filles est conseillère d’éducation dans un collège… bref, elles n’ont pas tellement le choix.

Je fais à ma fille aînée des dictées politiques ou littéraires, je prends des extraits de livres comme Victor Hugo témoin de son siècle, ou des plus beaux discours de Mitterrand ou de Napoléon, et je lui dicte. Du coup, elle a une conscience citoyenne très élevée et critique. Elle a récemment écrit à la Maire de Nantes pour l’interpeller sur l’utilisation de l’eau potable par l’éléphant des machins de l’île… Ma fille cadette quant à elle est encore à l’école maternelle mais sa maitresse m’a dit qu’elle prenait très au sérieux les exercices, elle déteste perdre.

Elles lisent aussi des extraits des livres que j’écris et forcément, sont très musique, spectacle… On passe beaucoup de notre temps en famille à jouer du piano ou à créer des chorégraphies. Elles sont aussi passionnées par le stylisme toutes les deux ce qui est parfois problématique, quand je leur explique que porter un bas de tutu avec des Stan Smith, un gilet en fausse fourrure et une chapka, c’est beau dans le cadre d’un atelier créatif mais moins adapté pour l’école…

Cela dit, elles sont à un âge où elles parlent plus souvent du futur de leur vie amoureuse ou familiale que professionnelle. Elles m’ont informé que ma chambre deviendrait une vidéothèque quand je partirai, je crois qu’elles n’ont pas tout compris au principe…»

 

CK : « Au quotidien, vous êtes plutôt " on note tous les rendez-vous familiaux sur le calendrier de la cuisine " ou agenda électronique partagé avec votre conjoint ? »

MS : « Rien de tout ça, je suis à l’ancienne avec un gros agenda papier bourré de post it, de cartes de visite et de documents, convocations, courriers… j’ai besoin d’écrire avec un stylo mes rendez-vous pour les matérialiser. Pourtant je suis une « digitale native » mais j’ai besoin de concrétiser le temps, comme avec les chansons.»

 

CK : « Et quelle est l’application dont vous ne pouvez pas vous passer ? »

 

MS : « Telegram, c’est la seule appli que j’ai. Mon iPhone a peu de stockage, j’ai du supprimer toutes les autres. Je n’ai même pas Facebook, ce qui m’évite d’avoir des notifications, c’est moi qui m’y connecte quand j’en ai envie (bon c’est a dire souvent, OK).»

 

CK : Pour terminer, vous êtes plutôt dans la catégorie « sorties shopping » ou « shopping en ligne » ?

 

MS : « Je ne suis pas du tout shopping à la base, rapport au temps perdu justement… laughing Donc je ne passe pas du temps à errer dans les magasins, j’y vais si je sais précisément ce que je veux acheter et je fonce. L’avantage d’avoir passé les 30 ans, on sait ce qui nous va et ce qu’il faut éviter, à priori.

Mais après une expérience terrible en ligne, j’achète plutôt des vêtements au Mans tranquillement sur le chemin du retour de la Mairie ; et quand je vais à l’étranger, j’achète des accessoires de luxe, qui durent très longtemps. Cela revient finalement moins cher que de devoir acheter 10 fois le même chemisier "bas de gamme" parce qu’il périclite…

 

Merci Marlène pour ces confidences sur votre quotidien et vos bons conseils. Donc pour ne pas perdre de temps, nous avons bien noté : il suffit d’être tout le temps occupé, de remplacer sa montre par la radio et de compter en chansons plutôt qu’en minutes !  On vous dit ça fonctionne pour nous dans… une playlist de 30 titres, ok ?